Basket case [Frank Henenlotter] 1982

Kevin séparé de son frère siamois difforme, promène celui-ci dans une malle en osier afin de retrouver la trace de ceux qui les ont séparé des années auparavant.

Difficile de ne pas se marrer à la simple énonciation du pitch de ce film, surtout sachant que celui-ci est de Frank Henenlotter sui commettra le truculent Frankenhooker quelques années plus tard.


un médecin aux prises avec le frère siamois bien décidé à se venger

Ce réalisateur porte déjà en lui et dès ce film un style très particulier, le scénario est d’une ingéniosité prodigieuse, après la séparation Kevin pourra être contacté par son frère par télépathie qui lui indiquera qu’après l’opération son corps a été mis dans un sac poubelle et jeté avec les ordures…les comédiens sont assez surprenant de laideur et semblent tous porter une perruque, la lumière ferait passer celle de Benny Hill pour un film de Mann, presque toutes les scènes se déroulent à l’intérieur (y compris certains extérieurs…)


Une douloureuse opération

Mais malgré tout Henenlotter ne se laisse pas abattre et y va de son histoire d’amour brisée par le frère difforme qui n’en est pas là à sa première victime (on apprend d’ailleurs que lorsque les frères difformes siamois ont les yeux qui clignotent rouge c’est qu’ils sont sexuellement excités) le tout dans le cadre d’un hôtel répugnant hébergeant des gens qui ne le sont pas moins dont une prostituée dont je n’ai pas,réussi à déterminer le sexe.
Ce travail (ou tout du moins ce résultat) d'une image crasseuse n'est pas sans faire penser à Street trash, et bien vous me croirez si vous voulez (personnellement je m'en fous) hé bien Jim Muro travaillait en tant que technicien son sur ce film avant de devenir le roi du steadycam.


Une vétérinaire bien mal récompensée

Les thèmes de la difformité et de l’exclusion sociale qui en découlent sont assez classiques pour ne pas dire affreusement connus, galvaudés et chiant à la longue…ce film ne fait pas exception car si le réalisateur fait montre d’un acharnement exemplaire et d’une certaine habileté technique pour dérouler son histoire, celle-ci souffre d’une part d’une certaine indigence scénaristique et surtout d’un manque de moyen qui donne un aspect comique a priori involontaire à toutes les scènes où le frère difforme sort de sa malle.

Une scène assez surprenante et délicieusement onirique est tout de même utilisée en prélude au viol mortel de la petite amie, on y voit Kevin courir nue dans la rue pour parvenir à l’appartement de sa petite amie ; la symbiose des frères étant ici permise par le sommeil de l’un et les pouvoirs télépathiques de l’autre.


Quand le monstre révèle son désir

S’il est la plupart du temps manipulé comme une marionnette grâce à la technique du hors champ, nous aurons droit à quelques animations images par images aussi ridicules que drôle.

Difficile de sortir des carcans de la monstruosité quand le frère difforme ne s’exprime que par hurlements ou grognement à nos oreilles de néophytes en télépathie, du coup, difficile de comprendre pourquoi il s’en prendra à a son frère en toute fin de film (alors qu’il vient de violer et de tuer sa copine soit dit en passant), le soulevant par l’entrejambe (sachant qu’il mesure environ 60 centimètres on y croit beaucoup) avant de basculer par la fenêtre avec lui.

La fin est d’une saisissante beauté, séparés dans la vie par des chirurgiens peu scrupuleux, les deux frères seront réunis par la mort.
Le réalisateur ne s’y trompe pas et après nous avoir quand même passablement ennuyé pendant tous le film fait défiler le générique sur ces deux corps ensanglantés.

Que dire de plus si ce n’est que ce film préfigure l’également culte Frankenhooker, traitant lui aussi du droit à la vie de monstrueuses créatures et tourné à mon avis dans l’hôtel juste à côté de celui-ci.

Le film de Franck Henenlotter a été ,contre toute attente, un succès surprise -y compris pour Henenlotter!
De part tous ses défauts , BASKET CASE est souvent risible- surtout dans les plans mettant en scène la créature. Une des scènes les plus ridicules étant celle où "Martial"pète totalement un cable quand il se retrouve seul dans la chambre d'hotel de Franck- celui-ci étant à un rendez-vous galant : l'animation de la marionnette est d'une laideur visuelle grotesque.

L'autre aspect ridicule au possible du film réside dans les bruitages: "Martial" ne s'exprime que par cris et grognements, ... La scène la plus significative sur ce plan là pour moi est celle de l'opération visant à la séparation des deux frères siamois lorsque la vétérinaire J. Kutter (ça ne s'invente pas ) utilise le scalpel pour les séparer, on entend comme des bruits de papiers froissés et comme quelqu'un qui macherait des céréales

Dans l'interview, donné par Henenlotter lors de la sortie du DVD du film, on apprend pleins d'anecdotes sympathiques sur le tournage!
Ainsi, "Martial" devait à l'origine s'appeler Bélial qui est un autre nom de Satan au meme titre que Lucifer , Belzébuth, ...
On apprend aussi qu'à l'origine Kevin Haney ( Franck) avait créé à la base ce qui devait etre "Martial". Cependant, lorsque Henenlotter l'a testé en tirant sur une ficelle, elle a cassé et du coup, il a du se débrouiller tout seul! Le budget étant réduit à 150 000$, ils ont du - en guise du monstre- fabriquer deux marionnettes et ils avaient deux gants pour les plans où on ne voit que la main! Henenlotter a meme du revetir le gant de la créature lors -notamment- de la scène où la main de "Martial" sort de la commode ! Henenlotter était coincé dans la commode et criait " Action " totalement recroquevillé dans celle-ci! Lors de ce tournage, Henenlotter a cumulé les casquettes: scénariste, réalisateur , animateur , ...
La scène où Franck court nu dans les rues de New York a été tournée sans autorisation donc l'acteur quittait un fourgon courait sur 100 mètres pour ensuite s'engouffrer dans un autre fourgon ! De plus, manque de bol, la nuit où a été tournée cette scène , il faisait un froid de canard!

BASKET CASE 2 - clairement un remake de FREAKS d'après Henenlotter- a été fait afin que FRANKENHOOKER puisse voir le jour! En effet , les producteurs comptaient sur l'impact commercial que pouvait avoir BASKET CASE 2 et étaient sur que ça ne pouvait que marcher! Le deal était clair: si Henenlotter faisait Basket Case 2, ils finançaient FRANKENHOOKER

Basket case 3 est pas mal non plus.