Pour enchaîner sur le thread
Abomination, je me propose de parler de cet autre grand moment que constitue
Ozone:
Il est des films que l'on pourrait croire indéfendables. Des films condamnés au rang de nanars innomables sans même avoir eu droit à un jugement équitable.
Ozone fait partie de cette catégorie de films maudits. Et pourtant. Que cela soit clair,
Ozone, attack of the redneck mutants est loin d'être un grand film, c'est le moins que l'on puisse dire. Réalisé dans un amateurisme total (
Ozone est, avec
Abomination, autre chef d'oeuvre de la fine équipe, la seule expérience cinématographique de la plupart du casting et de l'équipe technique), et souffrant du manque de talent de l'ensemble de l'équipe,
Ozone fait malgré lui penser aux petites productions de la Troma. Mais les similitudes s'arrêtent là, car ce film possède en lui quelque chose d'atypique, d'inédit.
Ozone narre donc les trépidantes aventures de deux jeunes gens aux prises avec d'horribles mutants qui font brusquement leur apparition dans la campagne profonde américaine, celle-là même qui est décrite dans
Redneck Zombies, par exemple, à savoir une contrée remplie de bouseux crasseux et décérebrés, dont les distractions se limitent à celles qui ne mettent pas trop en péril leurs quelques neurones (boire de la bière, tirer au fusil dans des pastèques...). La caméra de Matt Devlen s'attarde parfois à suivre les occupations quotidiennes de ces gens, durant cinq, dix minutes. Ce qui pourrait passer pour des scènes destinées à rallonger la durée du film n'est en fait ni plus ni moins que la clé d'
Ozone. En effet, les traits de vulgarité, de platitude sont volontairement accentués, ce afin de réaliser non pas une apologie, mais une satire des "rednecks", qui se transforment d'ailleurs en d'horribles mutants, comme le laisse deviner de manière habile le titre...
En ce qui concerne le côté horrifique de la chose, force est de constater que les maquillages sont très limités, parfois totalement ridicules, ce qui ne fait que renforcer le capital sympathie du film. Les mutants, sortes de zombies sous acide (qui font d'ailleurs furieusement penser à la nouvelle vague de zombies speedés qui défèrle sur les écrans actuels), sont en revanche des créatures fort intéressantes, puisque leur métamorphose est précédée d'une bonne dizaine de minutes de vomissements de diverses couleurs, vomissements qui perdurent ensuite puisque les mutants ont une fâcheuse tendance à se répandre un peu partout dès qu'ils apercoivent une proie potentielle (voir à ce sujet la séquence hallucineusement rigolarde où l'un de ces messieurs vomit un liquide jaunâtre dans la bouche d'une de ses victimes). En outre, on peut remarquer que ces mutants apprécient particulièrement les cucurbitacés de toute sorte, puisque ceux-ci n'hésitent pas à s'en servir comme projectiles, notamment lors du siège mémorable d'un véhicule.
Ozone jouit donc d'une certaine aptitude au n'importe quoi, ce qui ne pourrait pas être apprécié sans un véritable talent pour la fausse nullité assumée, talent que Matt Devlen possède assurément. Il y a peu de films qui ont le courage de mêler gore rigolard, satire sociale, humour si beauf qu'il en devient hilarant, message écologique hyper-naîf et interprétation on ne peut plus naturelle des acteurs. Rien que pour ca,
Ozone mérite le respect.
C'est trop horrible: il ne cesse de dégobiller!Et alors, on a pas la classe dans la campagne?Je sais pas mais on a l'air de s'y amuser à fond!Une scène de vie quotidienne, parmi celles dont Ozone
regorge...